• Trésors de l'Auvergne romane : la route des églises majeures (2).

    2. La basilique de Notre-Dame-du-Port (Clermont-Ferrand).

    Dans la capitale auvergnate se trouve l'une des plus belles églises romanes françaises, la basilique Notre-Dame-du-Port, classée au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1998 au titre de l'inscription des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France.

    Fondée au VIème siècle par l'évêque saint Avit, brûlée par les Normands, Notre-Dame-du-Port a été rebâtie dans dans une exceptionnelle unité de style aux XIème et XIIème siècles, alors que le pape Urbain II prêchait la première croisade à quelques pas de là, à l'emplacement aujourd'hui de la place Delille, en 1095.

    Qualifiée tardivement de basilique, Notre-Dame-du-Port est d'abord une église collégiale, desservie de l'époque médiévale jusqu'à la Révolution par une communauté de chanoines, réguliers puis séculiers. Elle a longtemps porté le nom de Sainte-Marie-Principale (de princeps : premier, titre que portait le comte), avant de prendre son nom actuel, dont l'origine fait débat, l'hypothèse la plus fréquemment admise étant que ce nom viendrait de l'endroit où elle a été construite, le quartier du Port, du latin portus, c'est-à-dire l'endroit où l'on apportait les marchandises.

    Remaniée au XIXème siècle, notamment avec l'ajout du clocher et de dalles de lave en guise de toiture, elle a depuis retrouvé ses tuiles canal de couleur rouge, identiques à celles qui couvraient l'église à l'époque romane, tandis que les façades étaient également restaurées afin de leur rendre une partie de leur éclat d'origine. La remarquable campagne de restauration de l'intérieur, lancée en 2007 et aujourd'hui achevée, a redonné  à l'église toute sa beauté.

    Par trop enfermé dans les maisons du quartier, il est difficile d'apprécier dans sa pleine mesure l'extérieur de l'édifice. Malgré tout, on peut admirer le chevet, restauré au XIXème siècle et qui est un exemple accompli de ce qu'est l'art roman auvergnat. Très harmonieux dans ses proportions, il est orné de mosaïques de pierres de couleur, de rosaces, de modillons à copeaux et de corniches en damier. Sur l'un des côtés, une porte romane révèle au visiteur de belles sculptures sur son linteau et sur le tympan. C'est par cette porte que l'on entre aujourd'hui dans l'église.

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    Ci-dessus quelques vues de l'extérieur de Notre-Dame-du-Port : deux vues du côté de l'église par lequel rentrent aujourd'hui les visiteurs, la façade principale sur la rue.

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    Ci-dessus : le clocher du XIXème siècle, le chevet, vue du chevet et du clocher en contre-plongée qui fait ressortir la très grande unité de style de cette église.

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    Ci-dessus : la porte romane. Sur le linteau en bâtière sont représentés : à gauche, l'Adoration des Mages ; au centre, la Présentation au Temple ; à droite, le baptême du Christ. Dans le tympan, qu'entoure un arc outrepassé d'influence orientale, le Christ trône entre deux séraphins, anges à six ailes. Les autres sculptures ont été rapportées : à l'extérieur de l'arc, à gauche de la porte, l'Annonciation et, à droite, la Nativité. Sur la deuxième photo, détail de la sculpture à droite de la porte représentant saint Jean Baptiste, et sur la dernière détail de la sculpture à gauche de la porte représentant Isaïe. 

    Une fois la porte franchie, la basilique révèle toute sa beauté architecturale : depuis le sombre narthex, le regard est conduit vers le choeur par une subtile gradation des lumières et, tandis que l'on avance vers celui-ci, l'élan des piliers invite à lever les yeux vers les baies des tribunes, les arcs-diaphragmes de la coupole et les fenêtres hautes du transept, pour découvrir finalement le choeur, surélevé, incontestablement la plus belle partie de l'édifice. Entouré d'un déambulatoire sur lequel s'ouvrent quatre chapelles rayonnantes, il révèle une précieuse couronne de colonnes ornées de chapiteaux extraordinaires, parmi les plus célèbres d'Auvergne.

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    Ci-dessus : la nef, vue du narthex ; le choeur et la nef vus du déambulatoire ; la croisée du transept.

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    Ci-dessus : le déambulatoire, l'un des bas-côtés, la couronne de colonnes du choeur.

    Les sculptures des chapiteaux du choeur, fleurons de l'art roman, sont signées Rotbertus et représentent les Vertus et les Vices, l'obéissance de Marie, la désobéissance d'Eve et la glorification de Marie. Sans abandonner le prosaïsme qui caractérise les sculptures auvergnates et la manière archaïsante de figurer les personnages, le maître a transcendé la tradition par un rare sens du geste et de la mise en scène.

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    Ci-dessus, vue de deux chapiteaux du choeur, le premier faisant partie du cycle marial et le second de la représentation des Vices et des Vertus (thème tiré d'un poème allégorique du Vème siècle), vue de la couronne de chapiteaux du choeur.

    Sous le choeur, la crypte qui en reproduit le plan est appelée la Souterraine. Devant l'autel, on voit la margelle sculptée (XVIème siècle) d'un puits qui existait bien avant la fondation de l'église. Sur l'autel, une petite Vierge noire du XVIIème siècle est la reproduction d'une icône byzantine connue en ce lieu depuis le XIIIème siècle.

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    3. Saint-Saturnin, majeure en miniature.

    Dans le bourg du même nom, situé dans la vallée de la Monne, qui fut la résidence des barons de la Tour d'Auvergne, se trouve l'une des plus belles églises romanes d'Auvergne, classée à juste titre parmi les églises majeures, même si elle est la plus petite, la plus sobre et la plus tardive des "majeures".

    Bâtie dans le dernier quart du XIIème siècle, l'église de Saint-Saturnin est moitié moins longue que celle d'Issoire et n'a ni chapelles rayonnantes au niveau de son abside,  ni narthex. Bâtie en arkose de Montpeyroux, une pierre chaude que l'on rencontre aussi à Issoire, elle forme un ensemble architectural remarquable avec son large déambulatoire qui ceinture l'hémicycle du choeur et ses chapelles orientées dans le transept, qui porte le clocher octogonal le mieux conservé d'Auvergne. Epargné par la Révolution, il a servi de modèle pour la plupart des reconstructions du XIXème siècle.

    A l'extérieur, la décoration est composée de cordons de billettes, de modillons à copeaux, avec un jeu d'arcatures alternant les claveaux de basalte et d'arkose.

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    Ci-dessus : vue de l'extérieur de l'église, vue générale du village, avec l'église et le château des de la Tour d'Auvergne.

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    Ci-dessus : vue du clocher, du chevet et de la place avec sa fontaine du XVIème siècle.

    L'intérieur présente une belle répartition des volumes architecturaux, entre la haute voûte en berceau de la nef, les tribunes qui surmontent les bas-côtés, l'élévation du carré du transept avec ses arcs-diaphragmes qui viennent l'épauler et la crypte qui repose sur de puissants piliers. Dans le choeur, le maître-autel en bois doré provient de la chapelle du château et est marqué aux chiffres de Henri IV et de Marguerite de Valois, la reine Margot, dame de Saint-Saturnin.

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    Ci-dessus : la nef de Saint-Saturnin ; vue de la tribune et de la voûte en berceau ; vue du maître-autel et du déambulatoire.

    Sources des images : photos personnelles en dehors de celle du village de Saint-Saturnin (source : Wikipédia).

    Prochain article : les deux dernières églises majeures d'Auvergne, Issoire et Orcival.


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