• Trésors de l'Auvergne romane : la route des églises majeures (3).

    4. L'abbatiale Sainte-Austremoine d'Issoire.

    Ancienne église d'une abbaye bénédictine, Saint-Austremoine fut bâtie au XIIème siècle. Aujourd'hui, elle fait office d'église paroissiale après la destruction de l'église Saint-Paul, sa voisine, quelques années après la Révolution. Son clocher, sa façade, dont les deux tours ont été saccagées lors des guerres de Religion, ainsi que de nombreux chapiteaux, ont été remaniés au XIXème siècle, ce qui a fait dire à l'écrivain Henri Pourrat que cette église était comme "certaines vieilles dames qui gagnent à être vues de dos".

    Trésors de l'Auvergne romane : la route des églises romanes (3).

    Ci-dessus, vue générale de l'église Saint-Austremoine d'Issoire.

    Le transept et le chevet sont en effet extérieurement les deux parties les plus intéressantes de l'édifice, de véritables merveilles d'architecture, dont la perfection est le fruit d'un complexe étagement et d'une décoration aussi riche qu'harmonieuse. Parmi les géométries d'arkose blonde, de granit poivre et sel et de basalte noir qui rehaussent le chevet, les absidioles portent de remarquables sculptures figurant les signes du Zodiaque, qui commencent par le bélier du mois de mars, signe qui correspond au début de l'année au Moyen-Âge (ce sont des copies, les originaux étant conservés dans le Centre d'art roman Georges Duby voisin).

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    Ci-dessus : vue du chevet et du transept de Saint-Austremoine, détails du chevet, avec les signes du Zodiaque.

    A l'intérieur, la nef, composée de deux étages, frappe par ses magnifiques proportions, ainsi que par sa décoration peinte, ajoutée au XIXème siècle et récemment restaurée, ce qui a ravivé ces peintures plutôt criardes. Il faut pourtant savoir que le XIIème siècle fit grand usage de telles polychromies qui n'enlevaient rien à la majesté des édifices ; à l'époque, elles avaient notamment pour fonction de faciliter la lecture des chapiteaux par les pèlerins. A hauteur de la croisée du transept, quatre puissants arcs diaphragmes allégés de baies supportent une coupole de 23 mètres de haut.

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    Ci-dessus, vue de la nef de Saint-Austremoine, de la coupole à la croisée du transept et enfin du choeur, avec en arrière-plan la nef.

    Pareils à une Bible enluminée, les chapiteaux du choeur comptent au nombre des plus fameux d'Auvergne, notamment la remarquable composition qui représente la Cène. Les autres chapiteaux historiés évoquent la Résurrection.

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    Ci-dessus, vue du choeur et de ses chapiteaux historiés, détail d'un chapiteau du choeur.

    Enfin, la crypte à déambulatoire est l'une des plus belles d'Auvergne. Les colonnes trapues qui soutiennent les voûtes donnent une impression de puissance que souligne l'absence de toute ornementation. Elle abrite une très belle chasse en émaux champlevés de Limoges qui contient les reliques de saint Austremoine ; volée en 1983, cette pièce d'orfèvrerie du XIIIème siècle fut retrouvée des années plus tard à Hawaï.

     

    Trésors de l'Auvergne romane : la route des églises romanes (3).

    Ci-dessus, vue de la crypte.

    5. Orcival, la basilique de la Bonne Vierge.

    La basilique Notre-Dame fut vraisemblablement élevée dans la première moité du XIIème siècle et, à en juger par sa remarquable unité de style, en une seule campagne de construction. Des grandes églises auvergnates, Notre-Dame d'Orcival est sans conteste celle qui a le mieux traversé les siècles, si l'on se place sur un plan purement spirituel. Liée à un prieuré de la Chaise-Dieu, comme Saint-Nectaire, la basilique d'Orcival fut en effet établie pour abriter la statue vénérée d'une Vierge de pélerinage, qui inspire aujourd'hui toujours la même ferveur, 800 ans plus tard, non seulement lors de la fête qui lui est consacrée à l'Ascension, mais aussi tout au long de l'année.

    Cette église très sobre est habillée d'andésite grise et de lauzes de phonolite que le lichen parsème de taches cuivrées, et avec ses volumes savamment échelonnés au-dessus des toits du village, elle se marie idéalement à son cadre montagneux. Son très beau clocher octogonal à double étage percé de baies jumelées a eu sa flèche tronquée à la Révolution. Le chevet, très beau dans sa sobriété, comporte quatre absidioles rayonnantes. Les vantaux des trois portes ont conservé leurs pentures romanes ; les plus ornées, avec des rinceaux et des têtes humaines, se trouvent sur la porte Sud (dite de Saint-Jean).

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    Ci-dessus : deux vues générales de l'église et du village d'Orcival ; vue du transept, du clocher et du chevet de Notre-Dame d'Orcival.

    A l'intérieur, on ressent immédiatement une impression de plénitude, renforcée par l'extrême dépouillement de l'architecture, qui obéit aux mêmes règles que les autres églises majeures auvergnates. Le regard est naturellement attiré par l'enfilade des piliers vers le choeur, baigné de lumière, une lumière qui fait ressortir les courbes romanes, mettant en relief le travail des maîtres maçons. Le transept est l'un des plus réussis de l'école auvergnate.

    Le maître d'oeuvre de Notre-Dame d'Orcival semble avoir appliqué les proportions du nombre d'or dans ce sanctuaire à l'architecture puissamment symbolique, dont l'implantation dans un endroit malcommode, à contre-pente, entre la rivière du Sioulet à l'est, que l'on dut détourner, et une montagne, au couchant, qu'il fallut entailler, peut laisser perplexe. La légende dit qu'après la découverte de la statue de la Vierge qui allait susciter une dévotion sans égale, des maçons furent chargés de construire une nouvelle église à l'emplacement d'une vieille chapelle, sur la colline du "Tombeau". Chaque matin, ils trouvaient leur travail de la veille jeté à bas. Le maître d'oeuvre décida alors de lancer son marteau en l'air en faisant le voeu de bâtir le sanctuaire à l'endroit de sa chute. Il tomba à 300 pas, entre la rivière et la montagne.

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    Ci-dessus, quelques vues de la nef et de la croisée du transept de Notre-Dame d'Orcival. On mesure l'harmonie des proportions et la simplicité de l'architecture romane.

    Les chapiteaux sont très simples : ils sont sculptés d'animaux fabuleux, d'oiseaux, de poissons, de démons dans le déambulatoire et pour la plupart de feuillages dans la nef. Le seul historié, oeuvre du maître de Besse, surmonté de l'inscription Fol dives, représente le châtiment de l'avare.

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    Ci-dessus : vues de quelques chapiteaux à motifs animaliers ou végétaux ; le seul chapiteau historié de l'église.

    Derrière le maître-autel, sur une colonne, trône la Vierge d'Orcival, aux parements d'argent et de vermeil, qui illumine la basilique de sa beauté. C'est la seule de la province qui ait conservé son parement d'orfèvrerie. Cette vierge aux "mains de lumière", à l'expression sereine et lointaine, fut longtemps implorée par les malades et plus encore par les prisonniers, comme en témoignent les chaînes disposées en ex-voto au mur du transept sud.

    Trésors de l'Auvergne romane : la route des églises romanes (3).

    Ci-dessus : vue de la statue de Notre-Dame d'Orcival.

    Sous le choeur, la crypte, vaste et claire, en reproduit le plan. L'autel en plomb doré est une oeuvre moderne du sculpteur Kaeppelin.


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    Ci-dessus : la crypte, très harmonieuse.

    Sources des images :  photos personnelles pour Issoire, pour Orcival http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/itiinv/orcival/orci01.htm et http://www.romanes.com//Orcival//index.html .

     

     

                                                                                    

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