• Trésors de l'Auvergne romane : la route des églises majeures (1).

    "Nous appelons époque romane le temps où la vie chrétienne s'ordonne en une civilisation et où l'union de l'architecture avec la sculpture et les arts qui vont devenir prend l'éclat des passages privilégiés de l'homme."

    André Malraux, Le Musée imaginaire.

    Trésors de l'Auvergne romane : la route des églises majeures.

    Ci-dessus, vue du chevet et du clocher de la basilique de Notre-Dame-du-Port à Clermont-Ferrand, l'une des cinq églises romanes majeures d'Auvergne.

    « Trois années n’étaient pas écoulées dans le millénaire que, à travers le monde entier, et plus particulièrement en Italie et en Gaule, on commença à reconstruire les églises, bien que pour la plus grande part celles qui existaient aient été bien construites et tout à fait convenables. Il semblait que chaque communauté chrétienne cherchait à surpasser les autres par la splendeur de ses constructions. C’était comme si le monde entier se libérait, rejetant le poids du passé et se revêtait d’un blanc manteau d’églises. Presque toutes les églises épiscopales et celles de monastères dédiées aux divers saints, mais aussi les petits oratoires des villages étaient rebâtis mieux qu’avant par les fidèles. ». Par ces quelques lignes, le chroniqueur Raoul Glaber décrit magistralement l'élan architectural qui marque les années autour de l'an 1000 et qui va se poursuivre tout au long du XIème puis du XIIème siècle. Reliquaires de cette foi, les trésors de l'art roman auvergnat ont traversé les siècles jusqu'à nous, sanctuaires majeurs ou humbles églises rurales. Merveille d'architecture, l'art roman s'y exprime aussi dans les sculptures des chapiteaux ou dans la beauté hiératique des Vierges en majesté ; il fait jouer la lumière sur les émaux des châsses ou au travers des chefs-d'oeuvre de ferronnerie ; il se raconte en fresques monumentales ou dans les minutieuses enluminures...

    Cet article va présenter les cinq églises romanes majeures d'Auvergne : Notre-Dame-du-Port à Clermont-Ferrand, Saint-Nectaire, Issoire, Saint-Saturnin et Orcival.

    1. L'église de Saint-Nectaire.

    Première étape sur la route des églises romanes majeures d'Auvergne : découverte de l'église de Saint-Nectaire.

    Compagnon de saint Austremoine, saint Nectaire fut l'un des évangélisateurs de la Basse-Auvergne. La vénération qu'inspira son tombeau, sur le mont Carnadore, explique la présence d'une église en ce lieu inattendu. Autrefois, l'église partageait ce sommet avec le château des sires de Saint-Nectaire et un rempart commun les entourait. Ces éléments militaires ont aujourd'hui totalement disparus et le sanctuaire est maintenant superbement campé en plein ciel, face aux monts Dore et en bordure de la vallée de la Couze Chambon.

    Trésors de l'Auvergne romane : la route des églises majeures.

    Construite vers 1160, l'église actuelle est typique de l'art roman auvergnat. Les moines de La Chaise-Dieu en furent les premiers desservants. Pendant la Révolution, elle subit d'importants dégâts qui nécessitèrent une importante restauration du clocher, des tours et de la façade Ouest en 1875. Elle présente d'indéniables parentés avec les autres églises majeures du roman auvergnat.

    Bâtie en trachyte gris clair, la roche volcanique locale, Saint-Nectaire n'est pas un sanctuaire majeur ni de par ses dimensions, ni de par sa richesse décorative. Elle l'est par contre par son plan de cathédrale et par l'accord parfait entre son architecture et son cadre naturel. 

    Extérieurement, cette église est très simple. Les mousses brunes qui recouvrent une partie de ses pierres lui donnent une tonalité brune harmonieuse. La façade Ouest, frustre, presque pauvre, s'orne d'une humble porte en plein cintre. Le chevet, en revanche, d'une magnifique ordonnance,  est couronné d'un clocher reconstruit au XIXème siècle. Sa decoration est d'une grande sobriété : délicate frise de mosaïques figurant des rosaces, arcatures aveugles aux fines colonnettes, petits murs-pignons sur lesquels viennent prendre appui les toits des chapelles.

    Trésors de l'Auvergne romane : la route des églises majeures.

    Ci-dessus, vue générale de l'église de Saint-Nectaire, depuis la place du Marchidial, un jour de marché.

    Ci-dessous, quelques vues de l'extérieur de l'église : la façade Ouest, le côté Sud, le chevet et le clocher, l'abside et ses rosaces de mosaïque.

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    Intérieurement, l'église de Saint-Nectaire se révèle d'une pureté sans défaut. Précédée d'un narthex à la robuste arcatures à trois baies décorant l'étage, la nef voûtée en berceau est flanquée de bas-côtés étroits à voûtes d'arêtes, surmontés de tribunes. 

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    Ci-dessus, trois vues générales de l'intérieur de l'église : la nef vue du narthex, la nef et le narthex vus du choeur, la voûte en berceau et l'arcature à trois baies du narthex.

    Moins élevé que la nef, le choeur, avec ses six élégantes colonnes, son déambulatoire et ses trois chapelles rayonnantes, est très homogène. Les chapiteaux, remarquables, content avec beaucoup de verve des épisodes de la vie du Christ et de celle de saint-Nectaire. Très détaillés, ils comptent 87 personnages ! D'autres chapiteaux, admirables eux aussi, ornent la nef et illustrent des épisodes de la Bible, de l'Apocalypse ou encore des thèmes du bestiaire, qui sont traités avec charme et fantaisie.

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    Ci-dessus, vue générale du choeur depuis le déambulatoire, les chapiteaux du choeur dont le portement de Croix.

    Ci-dessous, vue d'un chapiteau du choeur : l'âne jouant de la lyre. 

    Trésors de l'Auvergne romane : la route des églises majeures.

    Le trésor de l'église est fameux  pour renfermer une Vierge en majesté  et surtout le buste-reliquaire de saint Baudime, compagnon de saint Nectaire, au visage fascinant.

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    Sources des images : seule la première photo de l'église de Saint-Nectaire et les deux dernières ne sont pas de l'auteur, http://www.abbaye-chaise-dieu.com et http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Nectaire .

    Prochain article : suite de la route des églises romanes majeures, avec Notre-Dame-du-Port et Saint-Saturnin.

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